Laurence Louppe, un héritage sensible et théorique

Laurence Louppe, écrivaine, critique d’art, a été de 1993 à 2003, une compagne artistique et théoricienne du Cratère. Elle est disparue le 5 février 2012.
Témoin important et penseur de la danse contemporaine, elle a été un lien essentiel entre les théoriciens et les artistes, donnant lisibilité et parole à chacun. Elle a écrit Poétique de la danse contemporaine en résidence d’écriture au Cratère. Ce livre prend sa source dans les activités chorégraphiques programmées de 1993 à 1996. Il est aujourd’hui un ouvrage de référence.

Le Cratère scène nationale et l’association Sentiers dont Laurence Louppe fut la présidente de 2001 à 2008, co-organisent une journée de rencontre dans la lignée de sa pensée. Un hommage en mouvement, par la mise en perspective des riches matériaux théoriques, pratiques et artistiques qu’elle nous a légués. Journée durant laquelle, alterneront conférences, tables rondes, ateliers et moments de convivialités en présence d’artistes et de théoriciens avec lesquels elle a entretenu une relation privilégiée :
Alain Buffard, Catherine Contour, Daniel Dobbels, Françoise et Dominique Dupuy, Patricia Kuypers, Laurence Saboye, Joëlle Vellet.

Laurence Loupppe, écrivain, critique d’art, historienne de la danse, a collaboré activement aux programmes chorégraphiques du Cratère scène nationale de 1993 à 2001, notamment lors de conférences, manifestations associant la création, la formation et la recherche en danse. Elle y a été accueillie en résidence d’écriture pour son ouvrage Poétique de la danse contemporaine, tome 1.

De 2001 à 2008, elle a été présidente de l’association Sentiers.
Laurence Louppe étant décédée en Février 2012. Le Cratère et l’association Sentiers ont choisi de lui rendre un hommage en mouvement en écho avec toutes les expériences partagées avec elle, mettant en perspectives les riches matériaux théoriques, pratiques et artistiques qu’elle nous a légués. Chacun a pu traverser cette journée au gré de sa disponibilité, son centre d’intérêt et son mode d’expression. Dans le hall du Cratère, ont été diffusés un extrait enregistré de Laurence Louppe, introduction de la table ronde Mémoire de la danse, mémoire des œuvres, mémoire des corps (  Partie 1 / Partie 2 ) organisée par Le Cratère en 1994, un film muet en boucle Fenêtre sur jardins proposé par Catherine Contour. Des livres, manuscrits, photos ont été mis en consultation. La journée a conduit chaque participant dans des postures diverses au travers d’ateliers, de conférences, de performances.
Le premier atelier a été animé par Laurence Saboye dans le studio de danse, pour lequel elle a écrit ces quelques lignes :

« Dispositif en libre accès permettant à chacun de construire son propre atelier à partir de la notion de Suspension, avec le support de documents et objets d’expérimentation sensorielle et kinesthésique. Un espace d’accueil, de partage et de libre expression. Le maillage du travail de la danse comprend les pratiques, les actions, les conversations, les écrits, les partages, les rencontres… Ce travail de petite main, de filature, immense tissu multidirectionnel, instable et actif, c’est aussi cela la culture chorégraphique. »
Laurence Saboye

Ensuite, a suivi la conférence de Daniel Dobbels :

« L’effroi critique, manière de tenter de comprendre combien pour Laurence (qui tenait des positions) l’instance de jugement aurait dû céder le pas devant une évidence (toujours critique elle) d’existence qui serait, dans la danse, une profonde transformations des valeurs. »
Daniel Dobbels

Après un temps d’échanges autour d’un repas, Les Dormeuses ont proposé un atelier- performance, déambulation dans le hall du Cratère, avec des livres, des paroles portées et dansées :
« Les femmes qui lisent sont dangereuses et celles qui dansent… »
Une manière de partager les dits et écrits de Laurence Louppe, ses lectures, écouter leurs résonnances dans nos danses.
Les Dormeuses est un groupe composé de Véronique Albert, Isabelle Dufau et Laurence Saboye, qui ont partagé les enseignements et la pensée de Laurence Louppe.

Le studio de danse a été à nouveau investi pour Un moment de danse, atelier d’improvisation animé par Nathalie Collantes. L’assistance était invitée à occuper l’espace pour en faire varier les contours, dessiner des lieux improbables, offrir des aires de jeux à des danses à corps perdu, à des moments de repos…

Un instant de pause au bar avec Le Thé Louppien, une cérémonie autour du thé conçue et réalisée par Catherine Contour, a précédé une table ronde :
« Ecrire sur la danse, écrire pour la danse » était le titre de cette table ronde animée par Joelle Vellet.

« Echanger à partir des paroles de Laurence Louppe nous permet de saisir le rôle essentiel qu’elle a eu dans la constitution d’un discours sur la danse en France, qui ne s’est pas limité à ses propres écrits, car elle a su donner place et stimuler le discours des danseurs eux-mêmes, ainsi que la rencontre avec les autres arts. L’héritage de cette grande dame, c’est aussi la réflexion qu’elle a initiée sur la question même de ce qui peut s’écrire et se dire, se décrire… sur la danse. »
Joelle Vellet

Pour clore cette journée, dans la grande salle du Cratère, Catherine Contour a proposé une conférence-performance-atelier en pente douce « Ré-volte » :

« Une composition avec de l’air, du jeu, des pirouettes, de la pensée, des fruits, du corps, de la poésie, des plantes, des papillonnements, des souffles, le sol, des biscuits, des sensations, de la passion, du silence, de l’engagement, des parfums, des questions, de l’eau, des rebonds, du chocolat, de l’inattendu, des fleurs, de la volte et de la ré-volte, de la délicatesse, des émotions, du mouvement, des fils… et les autres! »
Catherine Contour